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Défi relevé : deux pneumologues s’installent avec succès en pleine pandémie

Les docteurs Catherine LAMBLIN et François CODRON ont ouvert leur cabinet libéral de pneumologie en janvier dernier, en pleine crise sanitaire. Installés à Roncq (59), dans une zone de forte prévalence, ils tirent un premier bilan et nous font un retour sur leur quatre premiers mois d’activité.

Qu’est-ce qui motive aujourd’hui un pneumologue à s’installer en libéral et comment voyez-vous votre rôle dans cette période ?

François CODRON : Nous nous sommes installés en libéral afin d’être maîtres de nos projets, de notre organisation et de notre emploi du temps. Le rôle de pneumologue libéral est en premier lieu d’assurer le diagnostic et le suivi des patients chroniques afin de les stabiliser (Asthme et allergies, BPCO, pathologies interstitielles chroniques, syndrome d’apnée du sommeil…). En pleine épidémie, nous avons un rôle de prévention et de conseils pour ces patients afin d’éviter le plus possible le recours aux urgences des hôpitaux débordés.

Catherine LAMBLIN : Oui, on peut faire beaucoup de choses en cabinet lorsque l’on voit le patient à temps. On travaille également sur l’arrêt du tabac, la stabilisation des traitements afin d’éviter le plus possible le recours à l’hospitalisation. L’avantage du médecin libéral, c’est qu’il est plus facilement accessible. On doit rester disponible lorsque les gens se sentent moins bien afin de mettre en place rapidement les examens et les soins qui s’imposent. A cet effet, nous gardons toujours plusieurs créneaux dans la semaine pour les urgences.

Par ailleurs, nous sommes, comme dans beaucoup de régions en France, dans une zone où il existe un important besoin de consultations spécialisées comparativement à une offre qui s’amoindrit. Nous essayons de travailler en bonne intelligence avec nos collègues médecins généralistes et spécialistes et apprécions particulièrement ce relationnel facile et cette accessibilité. De bons rapports avec nos confrères sont d’autant plus importants que nous sommes peu de pneumologues libéraux en France.

François CODRON : Oui, nous souhaitons rester accessibles. Nos correspondants le savent et peuvent nous joindre facilement (téléphone ou email). Ils peuvent ainsi obtenir rapidement un avis pneumologique si besoin.

Comment avez-vous vécu l’installation de votre cabinet en pleine pandémie ?

François CODRON : Dès notre ouverture, nous avons effectivement vu arriver une vague de patients touchés par la COVID en octobre-novembre. Ces personnes ont été affectées par des  formes plus ou moins graves. Ils viennent environ 3 mois après les premiers symptômes et se plaignent de dyspnée pour la plupart. Les syndromes d’hyperventilation post COVID sont très fréquents et une rééducation par kinésithérapie respiratoire peut suffir pour les améliorer. Nous sommes moins confrontés aux  patients COVID avec une forme grave  qui ont été très bien pris en charge par les centres hospitaliers généraux ou le CHRU de Lille. Le suivi de ces patients est généralement réalisé par ces centres.

Catherine LAMBLIN : Les patients post-COVID, avec une forme légère, ont peu de séquelles pneumologiques. Les bilans fonctionnels respiratoires sont souvent rassurants. En revanche, on observe qu’ils ont besoin de réapprendre à ventiler correctement, d’où la kinésithérapie. On ne sait pas encore les mécanismes de cette dyspnée persistant longtemps après l’infection à Covid19.  Les études sont en cours au sein de cohorte de suivi de patients post-Covid auxquelles nous participons.

Quels ont été vos critères de choix dans la sélection de votre matériel de diagnostic ?

François CODRON : En premier lieu, la fiabilité ! La fiabilité, notamment en matière de reproductibilité des examens mais également sur le long terme. Nous réalisons nous-mêmes nos examens de A à Z. Nous devons nous assurer de la qualité de chaque mesure. Nous avions également entendu parler de la débitmétrie ultrasonique qui ne demande plus aucune calibration manuelle. Nous avons alors échangé sur le sujet avec des confrères déjà équipés. Du coup, nous avions très envie de tester… Nous voulions également un logiciel « malléable », afin de personnaliser facilement les résultats en fonction de nos habitudes. Et enfin, nous avions besoin d’un interlocuteur sur lequel compter et échanger en temps réel, en cas de question ou de problème technique.

Catherine LAMBLIN : Je partage complètement l’avis de François ! La réactivité d’un fabricant est primordiale dans notre métier. Sans notre matériel, on ne peut plus réaliser d’examen. Nous avons une activité dense. Nous consacrons environ 30 minutes pour une consultation. Chaque jour, nous recevons chacun entre 15 et 20 patients. Donc reporter des rdv est très pénalisant pour nous comme pour les patients.

plethysmographie
Le Docteur François CODRON pratique une pléthysmographie

Concrètement, comment se passe une journée de travail ?

Catherine LAMBLIN : Un pneumologue voit entre 3000 et 5000 patients par an. Les motifs de consultations sont très variés passant de la rhinite allergique à l’insuffisance respiratoire chronique sous oxygène, de la cancérologie au syndrome d’apnée du sommeil.  L’épreuve fonctionnelle respiratoire reste l’examen de base de tout pneumologue! Même si nous la réalisons de façon très fréquente, elle n’est cependant pas systématique et dépend du motif de consultation (Toux, dyspnée, tabac, asthme…). L’interrogatoire et l’examen clinique restent une étape indispensable !

François CODRON : La pneumologie est une spécialité à la fois clinique et technique. Le côté technique nous renvoit à la fiabilité et la facilité d’utilisation de notre matériel et notamment notre cabine de pléthysmographie. La simplicité avec laquelle nous allons réaliser certaines manœuvres est primordiale. La mesure de DLCO est par exemple particulièrement facile !

Quels sont vos projets à venir ?

Catherine LAMBLIN : Nous avons à cœur de trouver une organisation efficace afin de conserver un délai raisonnable pour les rendez-vous. C’est un enjeu central dans nos métiers. Dans la vallée de la Lys, on manque cruellement de spécialistes. A moyen et long terme, nous aimerions accueillir d’autres spécialités complémentaires dans nos locaux situés dans une ancienne fabrique textile, patrimoine industriel de la région. Réunir des spécialités complémentaires sur un même site permet d’échanger sur les dossiers des patients, avoir un avis rapidement si besoin, ce qui facilite grandement leurs prises en charge. Qui plus est, nous jouxtons une maison médicale regroupant des médecins généralistes et des paramédicaux. Nous sommes ici dans l’échange et la bonne humeur. C’est important d’être bien entouré. Nous vous le disions plus tôt, l’humain est essentiel pour nous !

Station pneumologie plethysmographie
Dr LAMBLIN à sa station de travail (à côté de la cabine)